Mes envies d'un jour et de toujours....
Extrait d'un journal intime :
Ville de P... automne 1994:
De mes jeunes années littéraires, lecteur, je retins ce respect (inculqué avec force) des œuvres classiques qui me disait t-on forme l’esprit des jeunes gens et suffisait à la découverte du monde parfois ou du moins la connaissance nécessaire de l’âme humaine et de ses mouvements …
C’ est ainsi que je fis la connaissance des soeurs Brontë et que je lus Les Hauts de Hurlevents…Pendant les années qui suivirent, je me dis bien plus d’une fois que c’ était « beaucoup de bruit pour rien … »…Quelle déception fut la mienne ( j’éprouvais la même à la lecture de Roméo et Juliette…mais ceci est une autre histoire…)
Ville de M...Hiver 2010:
Oh lecteur...rien ne pouvait alors me préparait à la vague d'émotions qui depuis quelques jours est ma compagne...à la lecture de Jane Eyre : colère, frustration, joie, tristesse, joie et bonheur...si..si tant d'émotions ....Bon si j'avais eu un journal intime...voila ce que vous auriez pu lire...:-p
Voici ce que vous ne lirez pas en 4ème de couverture:
Mon édition n'ayant pas de 4eme de couverture...voici un résumé pour introduire mes impressions sur ce roman...:
Dans l'angleterre du XIX siècle, Jane est une orpheline, qui a été recueilli par son oncle. A la mort de celui -ci , ne s' entendant ni avec sa tante ni avec ses cousins, elle est envoyée à Lowood, dans une institution où elle restera huit années d'abord comme élève puis deux ans comme maîtresse. A 18 ans, elle réussit à se placer à Thornfield hall , pour s'occuper de la pupille de Mr Rochester , Adèle.
Dès son arrivée, elle se sent à sa place dans ce manoir pourtant d'aspect sombre, imposant. Mais Sa rencontre avec le maitre des lieux, Mr Rochester sera tout aussi destabilisante que le mystère fantastique qui semble entourer le troisième étage de la demeure et la personnalité de l'imposante Grace Poole.
C' est dans une atmosphère surnaturelle et une nature tourmentée que naitra l'amour de Jane pour Mr Rochester.Ce dernier décrit comme un homme sombre, d'humeur fantasque, usant de l'ironie et du sarcasme comme du petit lait, ne semble pas insensible à Jane. Mais Jane ne fait pas partie du monde de Mr Rochester. Cet amour sera t-il possible? Et que dire de ces bruits étranges qui hantent les couloirs du dernier étage de Thornfield Hall? Qui est donc cette Grace Poole? Jane le découvrira bien trop tard et à ses dépens.
Ce que j'ai aimé: ( remarquez que je donne pas juste un point vue ...c'est un coups de coeur)
Jane est mon mon genre d' HÉROÏNE. Loin des héroïnes édulcorés des romans sentimentaux, elle n'a pas le physique de l'emploi ( celui de la petite princesse adorable ) et ne s' en formalise pas. Véritable vilain petit canard que rien ne transformera en cygne (pas même l'amour de Mr Rochester), il ne se passe d'ailleurs pas un moment sans que l'on lui fasse la remarque et ceci jusqu'à la fin :" si elle n'est pas des plus jolies, elle est pas sotte et a très bon coeur...puis aux yeux du maître, elle est ben belle. Ça n'importe qui peut s'en rendre compte" s'exclame John au dernier chapitre en parlant de Jane. Si Jane le reconnait, ceci ne l'empêche pas de s'affirmer et ceci dès son plus jeune âge. De nature rebelle et passionnée, elle va défier sa tante et déclarera son amour à Mr Rochester dans un cri de passion. Malgré tout son amour pour lui , elle sera quand même capable de décider selon ses principes et ses valeurs le moment venu. Et c' est une attitude qu'elle conservera jusqu'au bout. Ainsi elle dira : Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise en aucun filet; je suis un être humain, libre, avec une volonté indépendante..(...)je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m'y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur...
Ça c' est une Héroïne!!!!!
Pendant une semaine trop courte, j'ai plongé dans cette histoire....d'amour....les échanges entre Jane et Mr Rochester sont juste excellents. la déclaration d'amour de Jane...inoubliable. Le fait que la narration se fasse à la 1ère personne par Jane rajoute une dimension lyrique et intensifie chaque émotion décrite. Les paysages ici , ne servent pas juste de décors, parfois complices, ils accompagnent Jane comme lors de sa déclaration d'amour pour Mr Rochester...le jardin est décrit comme l'Eden...un espace propice à l'amour comme le signale aussi la présence du rossignol ( ah! le fameux rossignol...) puis une fois la déclaration faite la nature se déchaine ...le Jardin d'Eden se transforme, il devient sombre: plus de senteurs douces, de fleurs..les arbres gémissent....comme pour exprimer leurs désaccords. Et on craint le pire....
La description des personnages est fine tout en nuance même si on rencontre des personnes aux caractères bien trempés, forts ( St john, Mr rochester, Jane) , ils sont contrebalancés par d'autres plus mesurés, plus doux ( la directrice de Lowood, la jeune Hélène, les soeurs de St john)..j'ai alors eu l'impression d'une recherche d'équilibre des forces ..comme si on voulait dépeindre une vision du monde où le mal cohabite avec le bien...la beauté avec le sublime, la cruauté avec la plus pure abnégation. Le tout réalisé avec justesse, si l'on tient compte de l'époque.
Je pense que je pourrai continuer comme ça longtemps aussi vais-je me contenter de de ces derniers mots:
Jamais encore une histoire d'amour ne m'avait aussi émue...
Morceaux choisis: Extraits
" Je retournai à ma place ; la superstition commençait à s'emparer de moi, mais le moment de sa victoire complète n'était pas
encore venu ; mon sang échauffait encore mes veines ; la rage de l'esclave révolté me travaillait encore avec force. J'avais à ralentir la course rapide de mes souvenirs vers le passé, avant de
pouvoir me laisser abattre par l'effroi du présent.
Les violentes tyrannies de John Reed, l'orgueilleuse indifférence de ses sœurs, l'aversion de leur mère, la partialité des domestiques, obscurcissaient mon esprit, comme l'eussent fait autant
d'impuretés jetées dans une source troublée. Pourquoi devais-je toujours souffrir ? Pourquoi étais-je toujours traitée avec mépris, accusée, condamnée par avance ? Pourquoi ne pouvais-je jamais
plaire ? Pourquoi était-il inutile d'essayer à gagner les bonnes grâces de personne ?"
(...)
" je vous dis que je dois partir! répliquai-je, emportée par une sorte de passion.Croyez vous que je puisse rester ici et n'être plus rien pour vous?Croyez vous que je sois une automate, une machine privée de sentiments, que je puisse supporter de voir arracher de mes lèvres, la bouchée de pain , vidée de ma coupe la goûte d'eau vivifiante? Croyez vous parce que je suis pauvre, humble, sans agrément, petite, que je sois sans âme, sans coeur? Vous vous trompez ! J'ai une âme comme vous et autant de coeur ! Et si Dieu m'avait favorisée de quelque beauté et d'une grande fortune, je vous aurai rendue cette séparation aussi douloureuse qu'elle est maintenant pour moi. En vous parlant ainsi je ne tiens pas compte des usages, des conventions, ni même de mon enveloppe de chair mortelle, c' est mon esprit qui s'adresse à votre esprit absolument comme si nous nous trouvions tous les deux de l'autre côté de la tombe, devant Dieu, égaux...comme nous le sommes!"(...)
J'ai lu Jane Eyre dans le cadre du challenge English classics 1/3
Et parce que Jane c' est pas Bella,
parce que jane est mon héroïne,
je la propose pour le challenge On veut de l'héroïne 1/3